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L'enseignement des langues Allegro va crescendo avec la CIFOP
29.09.2005 (Sylviane CARIN)
L'enseignement des langues Allegro va crescendo avec la CIFOP
La Cité des formations de l'Isle d'Espagnac a mené une expérience en langues dans le cadre du projet européen Allegro. Une réussite
«On sort du cadre classique : faire de la grammaire pour la grammaire». Le programme européen Allegro, suivi depuis deux ans par la Cifop, a bousculé les habitudes de Cédric et ses collègues. Plus question de couper la parole pour un mauvais accord. Pas question de corriger à tout bout de champ. L'important, c'est de parler. Et pour parler, mieux vaut être en confiance, en situation. Alison Dru, prof d'Anglais, s'est appuyée sur sa formation en cuisine pour converser avec les apprentis cuistots. Sans livres, sans crayons, sans tables. Les mauvais élèves en langues sont devenus des aficionados du cours. Ils ont appris en confectionnant des recettes anglaises, des cakes et des salades. Ambiance conviviale, souvenir mémorable.
C'est un exemple parmi d'autres des possibilités dégagées par Allegro, une enveloppe européenne de 70.000, mise à profit pour promouvoir l'apprentissage des langues et sortir les personnes de leur isolement. Une réussite que la cité des formations de la Chambre de commerce d'Angoulême a souhaité partager avec le public hier soir.
Le programme lui-même s'achève cette année mais il donne envie aux différents intervenants de pérenniser l'expérience. «On a recherché des méthodes nouvelles pour donner le goût d'apprendre par tous les moyens : chants, musiques, jeux etc. Beaucoup ont repris confiance en eux. Ils sont prêts aujourd'hui pour un autre apprentissage», décrit, enthousiaste, Marie-Claude Vergara, coordinatrice du projet. Une expérience partagée par cinq autres pays européens
Anglais, espagnol, allemand. Pour mener à bien l'opération, la Cifop a travaillé étroitement avec l'ANPE, la société Raisons de Plus, l'Institut médico-éducatif de Soyaux et même l'hôtel de retraite de Ruelle. À chaque fois, un public différent : des demandeurs d'emplois, des jeunes déficients, des personnes en échec ou des seniors. À chaque fois, des petits groupes et des apprenants acteurs. Alison se souvient d'une jeune femme qui a réussi à sortir de sa coquille en interprétant une Américaine. «Elle a créé un personnage. Surmonté sa timidité. Elle m'a dit : ma vie a changé. Depuis, elle voit les choses différemment».
La participation facilite la mémorisation. Les échanges de la vie quotidienne s'apparentent à un bain linguistique. «On n'est plus sur un piédestal. Les barrières tombent» constate Jean-François Clément, coordonnateur du Centre d'études de langues. Les relations sont plus proches.
«Ils en oublient leurs difficultés, leur handicap, témoigne Cédric après ses interventions à l'IME. Ils croyaient que je faisais le chemin de l'Espagne tous les jours. Je les ai amenés passer une journée à St-Sébastien. Ils étaient tous émerveillés». Un rêve. Le prof évoque aussi ce jeune trisomique qui ne parvenait pas à prononcer le «r» en français mais le prononçait en espagnol. La pédagogie peut faire des miracles lorsqu'elle sort du cadre institutionnel. L'Éducation nationale, très attachée aux programmes, peut s'en inspirer.
Encore faut-il mettre les moyens. Allegro a été conduit simultanément dans cinq autres pays européens : Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Danemark et Slovénie. ________________________________________
________________________________________ 29.09.2005 © Charente Libre
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